Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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Nous sommes parfaitement tranquilles ; les inspections se succèdent, il est vrai, mais nous ne savons pas encore à quelle entreprise nous sommes destinés.

Le 22 mai, le maréchal Oudinot nous a encore passés en revue, à quatrelieues de notre cantonnement, de l’autre côté de la Vistule, dans un endroit appelé Mower. Après quelques heures de manœuvre, dans des montagnes et des collines de sable, le maréchal Oudinot nous a fait former en carré, et, dans une allocution chaleureuse, il nous a témoigné sa satisfaction et son étonnement sur notre excellente tenue. Il a fait donner une ration d’eau-de-vie aux soldats, et, après l’éloge bien mérité de tous nos chefs, nous sommes rentrés dans nos cantonnements. Nos deux brigades étaient composées des régiments suisses et des Croates. Ces derniers sont d'assez paisibles camarades, avec lesquels nous vivons en bonne harmonie. À la revue, nous formions une ligne de neuf bataillons, formant environ 7300 hommes.

Nous venons d'apprendre la grande nouvelle que l’empereur s’est arrêté à Posen et qu’il vient d'arriver à Varsovie. J'espère qu’à présent nous allons savoir ce que lon veut faire de nous, et