Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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à tomber entre les mains de l’ennemi. Vous savez!... racontez!... »

En effet, M" prit le drapeau de mes mains, et je repris le commandement du bataillon qui m’était confié dans ce moment. La perte de nos officiers était considérable ; le colonel avait été gravement atteint et était hors de combat. Le terrain était jonché de nos morts et de nos blessés.

Malgré les pertes douloureuses que nous venions d’éprouver, j'ordonnai une dernière charge à la baïonnette ; elle eut le même succès que les autres ; mais les Russes n’attendaient jamais longtemps : ils faisaient volte-face et recommencaient un feu nourri, que leur nombre rendait toujours plus redoutable. Après une lutte désespérée, que le 4er régiment suisse soutint avec nous sur la droite, nous recûmes l’ordre de nous retirer et de rentrer à Polotsk.

La situation de cette ville ressemble un peu à celle de Lausanne. Dominée par un bois, comme celui de Sauvabelin, et construite en amphitheâtre, depuis les bords de la Dwina, c'était là que se trouvaient tous nos hôpitaux, tous nos approvisionnements, notre artillerie et les arsenaux du corps d'armée.