Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

= 9 —

gagner, en rampant, l'endroit où Pinfortuné capitaine venait de tomber. Je fus assez heureux pour V’atteindre. J'entendais le sifflement des balles et des boulets, qui se croisaient au-dessus de ma tête ; mais, n'importe, il s'agissait de l'honneur du régiment. Le moment le plus difficile pour moi, fut celui où je dus dégager l’étendard de dessous le cadavre du capitaine. Ce colosse couvrait le drapeau de toute sa pesanteur et je ne pouvais pas me lever pour le soulever. Toujours à genou, je dégageai la hampe de dessous le corps de notre brave et imprudent camarade, et je revins dans la même attitude au milieu des nôtres. Ce fut une satisfaction générale pour tous ceux qui avaient assisté à cet incident, dont le récit m'a pris plus de temps que je n’en mis à exécuter la chose.

De retour au milieu des soldats, j’appelai à moi Vadjudant-sous-officier M°**, en lui adressant ces simples paroles, que je n'ai pas oubliées, parce que depuis lors elles m'ont été rappelées plus de trente ans après : « Portez notre aigle au colonel, et dites-lui que le capitaine-adjudant-major vient de la sauver, alors qu’elle était exposée