Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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Les Russes, pendant tout le temps que nous fûmes aux avant-postes devant Polotsk, usèrent de toutes sortes de ruses pour enlever nos compagnies ou nos bataillons. C’est ainsi que, le jour de la bataille du 18, ils firent avancer un très beau régiment de cavalerie, imitant les fanfares françaises, lequel pénétra, sans coup férir, au milieu des derniers bataillons de notre brigade, enlevant des compagnies de Croates, qui n’avaient pas encore compris cette nouvelle manière de faire la guerre. Quand ce régiment s’approcha de nous, il portait le costume des lanciers bavarois.

Plusieurs de nos officiers ne se doutaient de rien, lorsque je reconnus le piége qui nous était tendu. Je m’écriai, en m’adressant à notre lieutenant-colonel : « Ce sont des Russes. » Nous nous apprêtàmes à les recevoir; mais ils n’attendirent pas notre dernière démonstration, et ils tournèrent bride.

La bataille de Polotsk coûta cher à notre régiment. Après avoir quitté cette ville, je fis l'appel le lendemain. Un vide effrayant s’était fait dans nos rangs : trente-sept officiers n’y répondirent pas ; ils étaient tous blessés ou tués. Environ six cents sous-officiers et soldats, restés sur le