Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

ÉCOLE DE METZ. — CAMP DE BOULOGNE 41

triomphes avec l’âge et la jeunesse de leur auteur. Le signal de la danse fut donné; les membres de l'orchestre de la Société philharmonique, qui avaient d’abord promis leur concours pour cette solennité, se trouvant blessés, je ne sais comment, dans leur susceptibilité musicale, s'étaient résolus à livrer la place à d’autres. Cela n’alla pas moins bien. Les jeunes gens de la garde d’honneur, imitant cette bouderie, avaient repris leurs habits de ville pour assister au bal. On se rappelle encore aujourd'hui la toilette de Mme Bonaparte qui portait une robe de gaze rayée blanc et or, et un turban pareil. Pendant toute la soirée, elle ne cessa de causer avec Bonaparte. Eugène de Beauharnais, que son âge et la grâce de ses manières recommandaient à l'attention générale, la provoqua aussi par les soins multipliés qu'il eut pour une dame du département arrivée de Paris. Bonaparte se retira de bonne heure et avant le souper. Le lendemain matin, le grand salon de la préfecture avait été transformé en chapelle. Deux prie-Dieu occupaient l’espace le plus rapproché de l'autel : Bonaparte et Joséphine s'y placèrent. De chaque côté, à partir de l'autel jusqu'à l’extrémité opposée, étaient rangés les généraux; les fonctionnaires remplissaient les vides du fond. La messe fut dite par Mgr de Villaret, évêque d'Amiens (1) : Bonaparte et tous les assis-

(1) Ancien aumônier de l’École de Brienne. (Note de l'éditeur.)