Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ 49

lage, et, comme j'allais me mettre à table, il me montra un ordre en vertu duquel je devais me transporter à quatre lieues plus loin. Je fis sonner à cheval et voulus manger : « Je m’y oppose, tout ici m'appartient, dit le général Margaron, on ne doit toucher à rien. » Tout en maugréant contre la brutalité de ce général, je descends, cède la maïson et vais m'établir à la porte pour voir défiler mon artillerie. À la queue de la batterie, se trouvait toujours la voiture d'avoine : « Tout m'appartient; rien ne doit sortir du village, » répète-t-il. « Mon général, répliqué-je, cette voiture a fait vingt lieues avec moi; elle ne provient donc pas de ce village. » — « Elle en sort, » répond le général et en même temps il ordonne à ses chasseurs d'arrêter la voiture et de la piller. Je veux m’opposer à cette attaque. « Je ne le souffrirai pas, » m'écriai-je furieux. Le général quitte le balcon : la cravache à la main, il se précipite du haut de l’escalier. Je rentre dans la maison, tire le sabre, lui mets la pointe au corps : « Général, lui dis-je, vous ne me toucherez pas, je suis officier! » Frappé de ma contenance, le général s'arrête et se borne à me menacer de me faire fusiller. Je le quitte, reprends la tête de ma batterie, qui était suivie toujours par la voiture d'avoine, et me dirige au galop vers le quartier du général Walther. Arrivé près de ce général, je lui fis mon rapport, en ajoutant qu’il fallait que le général Margaron fût ivre pour s'être oublié à ce point. Le général Walther 4