Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

60 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

chef, comme un souvenir du couronnement et comme un présage de la victoire!

L’ennemi, qui entendait nos acclamations et contemplait cette illumination magique, dut voir qu'il allait être attaqué.

A six heures tout s’ébranle : l'Empereur, placé sur un petit mamelon, domine toute l’armée qui défile devant lui et le salue par ses acclamations. L’infanterie passe le défilé et s'établit en masse à droite et à gauche; puis, étendant au fur et à mesure ses ailes, elle s’avance en avant en bataille. Lorsque cette ligne occupe déjà une certaine étendue, une deuxième ligne se forme derrière elle et suit les mêmes mouvements; une troisième ligne se range derrière la seconde. Pour donner place à la cavalerie et à l'artillerie, on gagne du terrain en avant; toute notre cavalerie se trouve donc en quatrième ligne et l'artillerie dans les intervalles.

L'Empereur donne l’ordre de porter l'artillerie en avant. À ce moment, nos cent cinquante bouches à feu se mettent en marche, et, passant entre les intervalles des bataillons des trois premièreslignes, vont se placer en batterie, à cinquante ou cent pas en avant de l'infanterie. J’exécute ce mouvement et, comme je commande mon artillerie légère, je me place un peu en avant de la ligne des canons. Je découvre alors toute l'artillerie ennemie qui exécute le même mouvement que nous; une batterie de dix pièces vient prendre position sur ma gauche en me coupant un peu en flanc. Le général Keller-