Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ 61

mann, commandant la cavalerie légère, se place entre les diverses batteries pour les soutenir (1). Tous ces mouvements se font avec l’ordre et la précision que l’on ne voit habituellement que dans une revue au Champ de Mars.

Nous étions à bonne portée et, cependant, le feu ne commençait pas. Enfin, un coup de canon part de notre droite : au même moment, une canonnade épouvantable s'engage de part et d'autre; je dirige le feu de ma batterie sur celle dont j'ai parlé et dont les boulets, tirés trop haut, passent au-dessus de ma tête. Cependant ils avaient déjà tué un de mes brigadiers monté; un maréchal des logis fut également jeté à bas; un boulet vint ricocher dans mes pièces et briser un caisson. La fumée des canons ennemis, revenant sur nous comme un épais brouillard, m'empéchait de voir l'effet de mon tir.

Pour le reconnaître, je me portai fort en avant, à tel point que mes canonniers ne purent comprendre comment je ne fus pas touché, étant placé sur la ligne de mire de l’ennemi : ils ne réfléchissaient pas que je me tenais sous la courbe décrite par le boulet. Je rectifiai plusieurs fois le tir de mes hommes et j'employai la mitraille pour foudroyer ceux que j'avais en présence.

En ce moment, des cris affreux sortent de la

(4) La division de cavalerie Kellermann, du I corps d'armée (Bernadotte). avait rejoint avant le jour la Réserve de cavalerie de Murat. (Note de l'éditeur.)