Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1806 : IÉNA 71

du général baron de Seroux, commandant l’artillerie du corps d’armée du maréchal Ney, vint me proposer de la part de son général un emploi d'aide de camp. Je crus devoir refuser. Le surlendemain, un autre officier vint de nouveau conférer avec moi; il me représenta que le général Seroux, étant fort âgé, laissait à son aide de camp le commandement réel; que mon intérêt, mon avenir, mon bien-être exigeaient mon acceptation. Cette proposition était de nature à me tenter. Cependant, je ne me dissimulais pas les inconvénients de son acceptation. S’annuler en quelque sorte pour se confondre dans son général, devenir partie intégrante de lui-même, abdiquer sa propre individualité, quitter tant de braves, vieux débris des armées républicaines, auprès desquels j'avais combattu à Amstetten, à Saint-Pülten, à Hollabrünn, à Austerlitz, me faire perdre de vue par la batterie et par la division Walther tout entière, accoutumée à me voir toujours le premier sur le champ d’honneur, quitter la route d’une gloire réelle, en présence de ceux qui étaient solidaires avec moi, pour en prendre une autre, plus brillante peut-être mais souvent usurpée, acquise sans le contrôle de témoins qui vous obéissent, telles étaient les réflexions qui m'éloignaient de la fonction d'aide de camp.

Mais, d’un autre côté, entrer dans une fonction plus relevée sous mille rapports, plus en évidence, être l’objet des prévenances dans les différentes