Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

82 SOUVENIRS D’OCTAVE LEVAVASSEUR

d’un bois où l’ennemi avait appuyé sa droite (1).

Le 5, l’armée était à Deppen. L'Empereur ordonna à Ney de marcher avec ses divisions, la cavalerie de Lasalle et une division de dragons, contre la colonne prussienne qui était commandée par le général Lestocq. Celui-ci fut culbuté en avant de la Passarge vers Liebstadt : deux mille prisonniers, six pièces de canon, furent le fruit de cette attaque. Le 6, le maréchal se porta sur Wormditt; le 7, on était près d'Eylau (2). Le maréchal reçut l’ordre de manœuvrer pour prendre l’ennemi par son flanc droit.

Le 8, ce mouvement commençait, lorsqu'on vint nous avertir que la queue de notre colonne était attaquée par un corps d'armée prussien. Effectivement, c'était le général Lestocq qui se rendait aussi à Eylau pour nous combattre. Déjà, le maréchal Ney, ne voulant point ralentir sa marche, ordonne de continuer à le suivre (3). Les aides de

(1) Dans leur retraite, les Russes s'étaient arrêtés auprès de Jonkowo (entre la Passarge et l’Alle) et les corps de Ney et de Soult entamèrent l’engagement, le 3, dans l'après-midi. Napoléon s'attendait donc à livrer bataille le lendemain, mais Benningsen décampa dans la nuit. (Note de l'éditeur.)

(2) Plus exactement, d’après les ordres et les rapports de Ney, à une demi-journée de marche à l’ouest d'Eylau, sur la route de Landsberg (quartier général) à Kreuzburg, au nord: le VIe corps formait colonne détachée à la gauche du gros de l’armée, le IIIe (Davout) opérant de même à la droite.

Ney avait mission de se rabattre par Althof sur la droite de l’armée russe de Benningsen, établie en arrière d’Eylau, mais il ne s'attendait pas à la bataille pour le 8. (Note de l’éditeur.) (8) Le VIe corps ne comprenait, le 8 février, que deux divi-