Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1807 : EYLAU, FRIEDLAND 85

généraux, étaient le fruit de cette manœuvre.

Sans plus tarder, le maréchal remit ces prisonniers à un bataillon d'infanterie pour les conduire sur les derrières, et marcha sur Eylau, dont on entendait déjà le canon. Nos troupes, accablées de fatigue, arrivèrent cependant, au jour tombant, sur la droite de l'ennemi, où nous vîmes se croiser les obus.

Le märéchal Ney ordonna l'attaque du vil lage de Schmoditten que tenait l'ennemi, sur sa droite (1).

Il me prescrivit de m'en emparer, à la tête de deux compagnies de voltigeurs. Nous marchions tous en tirailleurs au cri de : « Vive l’'Empereur! En avant! » Je devais, comme aide de camp, prendre le devant, et les balles de mes soldats me sifflaient aux oreilles par derrière. Schmoditten fut enlevé; mes soldats, mourant de faim, entrèrent dans les maisons, pour y chercher des vivres, sans prendre les précautions nécessaires pour se garder. Aussi, deux heures après, l’en-

(1) Schmoditten et Schloditten (seul cité dans les rapports du maréchal Ney et de son chef d'état-major, le général Dutaillis), sont deux villages voisins, dont le premier est le plus étendu, et situés respectivement à 3 et à 2 kilomètres d'Eÿlau, aux abords de la route de Kæniësberg.

Ce fut de ce côté que Lestocq. vivement poussé par le VIe corps dans la journée, parvint à faire sa jonction avec la droite de Benningsen, aux prises, en arrière d'Eylau, avec le gros des forces de Napoléon (54000 hommes environ : Garde, Murat, Augereau, Soult et Davout). Se glissant ensuite par derrière les lignes russes, Lestocq put se porter. au secours de la gauche, refoulée par Davout. (Note de l'éditeur.)

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