Sylvain Maréchal et le manifeste des égaux

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sey (1), Benoit Malon (2), Anton Menger (3), adoptent, sans discussion, le renseignement de Buonarroti. — Seul M. André Lichtenberger base cette même manière de voir sur des raisons d'ordre intérieur, en citant quelques passages assez nettement communistes tirés d’une œuvre de Sylvain Maréchal publiée peu avant la Révolution, ses Apoloques modernes à l'usage d'un dauphin (4).

Mais quelque vraisemblable qu'il soit à priori, que Buonarroti a dit la vérité, et si caractéristiques que soient les citations de M. Lichtenberger, celles-ci ne dépassent guère en sentiments « égalitaires » les écrits avancés de leur époque; quant à Buonarroti, écrivant trente ans après les événements, il aurait pu se tromper.

Ce qui pourrait rendre suspect le témoignage de Buonarroti, c'est avant tout qu'aucun auteur contemporain ne cite Sylvain Maréchal parmi les bavouvistes et surtout comme membre du directoire secret du salut publie (5). Une seule fois son nom figure parmi les pièces du procès, mais c’est son nom seul, encore accompagné d’une fausse adresse : il ne faisait plus partie de la bibliothèque Mazarine depuis l'année 1784. (Cf. Copie des pièces saisies dans le local que Babœuf occupait lors de son arrestation. Paris, an V, t. L p. 68.)

Le D' Robinet, l'homme qui peut-être connaissait le mieux l'histoire de Sylvain Maréchal, ne semble attribuer

(4) Theodore D. WooLsey, Communism and socialism in their history and theory, London 1879, p. 104.

(2) Benoit MaLox, Histoire du Socialisme, Paris, 1882, t. I, p. 288.

(3) Anton Mexcer, Das Recht auf den vollen Arbeitsertrag. 2. Auft. Stuttgart, 1891,p. 63, 64.

(4) André LicnrENBERGER, Le socialisme et la Révolution française. Paris, 1899, p. 48, 49.

(8) Ni Lalande, ni Mn° Gacon-Dufour, ni les différents dictionnaires biographiques, ne mentionnent que Maréchal a été babouviste. — Ce qui est encore plus frappant : lors du procès contre Babeuf, Darthé et les autres conjurés, son nom n'est jamais prononcé, et nous ne Savons pas qu'on ait eu une

raison quelconque de le ménager.