Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle
INTRODUCTION. $
ou princières pour jeter en pâture à la multitude le récit de scandales entrevus où imaginés à plaisir. Hélas! les hontes n'étaient que trop réelles et la méprisable industrie des entrepreneurs de chantage ne trouvait que trop d’aliments, à la cour du régent d’abord, à celle de Louis XV ensuite. La dépravante intervention des courtisanes dans les affaires de la France communique aux différentes classes de la société une sorte de fièvre de libertinage, un âpre désir de jouissances qui abaisse de plus en plus les caractères, ruine toute autorité, et fait de la morale publique un mot vide de sens, un simple objet de risée. Au milieu de ce singulier dévergondage auquel s’abandonnent gouvernants et gouvernés, il était naturel que des aventuriers de lettres, dévorés eux aussi d’ambitions malsaines et de passions avides, cherchassent à conquérir la réputation, l'influence ou simplement la fortune, en exploitant cette mine inépuisable : les vices de leurs contemporains. On vient trop tard, après tant de critiques et d'érudits, pour parler des grands noms littéraires du xvrr° siècle ; mais, si l’histoire des idées résulte surtout des chefs-d'œuvre qui résument et caractérisent le mouvement général d’une époque, c’est principalement dans les écrits de
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