Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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agrémens de sa figure et par ses liaisons avec le prince de Conti, est le fruit de ces belles amours. Elle s’est avisée de consulter un jour son extrait baptistaire, et y voyant un nom étranger qu'avoit imaginé Audinot pour remplacer celui de M"° la Prairie, qui étoit la véritable mère, a attaqué le directeur de troupe en justice. Elle avoit fait sommer de lui déclarer où étoit sa mère et, si elle étoit morte, de lui rendre compte de ses biens. Audinot a rendu naïvement compte de sa conduite et du faux qu’il avoit commis. Cette plaisanterie lui a valu quelques jours de prison et le bldme dont il se moque, aussi bien que l’a fait B***". Ces deux personnages sont assez de l'avis du cocher de fiacre auquel un premier président faisoit cette petite cérémonie : elle consiste en ces mots, qui se disent à l'audience au coupable humblement prosterné, tête nue : « La Cour te blâme et te déclare infime! » À ces mots, le cocher tout ému s’écria : Monseigneur, cela va donc m'empêcher de conduire mon carrosse ? — Non, lui répondit-on. — Sur ce pied-là, je m'en. moque, reprit le fiacre. On ajouteque le président s'en alla, en disant : Et moi aussi. »

r. [1 s’agit évidemment de Beaumarchais, qui, nous l'avons déjà dit (p. 42), avait été condamné au blâme par arrêt du Parlement, en date du 26 février 1774.