Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle
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interlope. Des ‘ documents tout récemment publiés, et qui ont un caractère d'authenticité incontestable, permettent aujourd’hui de compléter et de rectifier sur certains points les
renseignements donnés par Manuel dans la | Police dévoilée.
La première pièce est une lettre adressée par Morande, qui demeurait alors, 5, rue de la Ville l'Évêque, à M. de Sartine, dicutenant-général de police. Cette lettre, datée du 5 mai 1768, a
1. Voir let. XII des Archives de la Bastille, publié par les soins de M. François Ravaisson, Paris, 1881. Nous placons en regard un extrait de la Police dévoilée, en faisant remarquer que les dates des différentes incarcérations de Theveneau de Morande ne concordent pas avec les dates données par les Archives de la Bastille.
« Theveneau étoit voleur avant même qu'il eût l’âge d’être libertin, et la première chose qu’il prit dans une maison de débauche, ce fut une boîte d’or. Conduit au Fort-l’'Évêque le 25 juin 17063, sa famille, pour larracher au bourreau, le fit enfermer à Armentières. Après quinze mois de pénitence, il s’élança ‘dans Paris, où la Beauchamp et la Desmares, qui le trouvoientjeune, partagèrent avec lui et leurs biens et leurs maux. Il avoit connu chez elles les grands. Il prit leur plumet, leurs talons rouges, leurs voitures, et, pour avoir tous les airs d’un homme de qualité, il fit des dettes. Le prince de Lamballe et M. de Flesselles eurent bientôt à se plaindre de lui : il avoit escamoté à l’un la belle Lacour et à l’autre la Cressy ; et, comme il ne s’en tint point à ces bijoux-là, on lui conseilla de se sauver en Angleterre pour n'être point pendu, »