Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

182 THEVENEAU DE MORANDE.

Jeannot, Desrues, le comte d’Estaing et Linguet; on y voit la famille royale assise à un banquet artificiel; l'empereur est à côté du roi. Le crieur s'égosille à la porte : Entrez, entrez, Messieurs; venez voir le grand couvert; entrez, c’est tout comme à Versailles. On donne deux sols par personne. et le sieur Curtius fait quelquefois jusqu’à cent écus par jour avec la montre de ces mannequins enluminés *. »

1. Voici une lettreassez curieuse et que nous croyons inédite, qui montre Curtius, au lendemain de la Révolution, sous sa nouvelle incarnation de « volontaire de la Bastille ». On sait que, dans la journée du 12 juillet 1780, la foule, surexcitée par la nouvelle du renvoi de Necker, se précipita dans l'établissement de Curtius et y enleva les bustes de Necker et du duc d'Orléans pour les promener en triomphe. Celui du duc fut remis à un colporteur nommé Pépin.

La lettre ci-dessous, dont nous respectons l’orthographe, est adressée par Curtius, le 11 novembre 1789, aux nouveaux administrateurs de Paris :

MESSIEURS,

En rendant justice à vos lumières et faisant l’éloge de votre dernier arrêté pour la police du boulevard du Temple, j'ai conçu un projet que j'ai l’honneur de vous adresser.

Le boulevard du Temple est, dans l'été, la plus belle des promenades et, dans l’hiver, la plus dangereuse. Cette vérité vous est sans doute connue. Pour obvier promptement à l’indécence des filles publiques et aux tapages qui se font dans deux cafés en mauvais renom, je pense qu’il serait de votre sagesse d'établir un corps de garde qui serait placé au milieu de ce bou-