Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET CAGLIOSTRO. 195

veilleux. Morande ouvre et mène une véritable campagne contre le célèbre thaumaturge, qui s'était réfugié en Angleterre à la suite de l'arrêt rendu par le Parlement le 31 mai 1786 dans l'affaire du collier !. On sait quelle fut la colère de la reine, quand elle apprit l'acquittement du cardinal et de Cagliostro. Le coup était d’autant plus sensible pour Marie-Antoinette que la foule avait accueilli avec des transports de joie la solution du grand procès ?. À titre de représailles, la reine avait fait notifier au cardinal une lettre de cachet l’exilant à son abbaye de la Chaiïse-Dieu en Auvergne. Quant à Cagliostro, qui s'était défendu avec une grande énergie et avait pris lui-même le rôle de plaignant?, il reçut, le 5 juin 1786, l'ordre de quit-

1. L'arrêt déchargeait Cagliostro de l'accusation, ainsi que le cardinal de Rohan.

. «2 juin 1786. M. le cardinal de Rohan n’est sorti de la Bastille qu’hier entre neuf et dix heures du soir, pour rentrer dans son hôtel. Beaucoup de peuple lPattendoit; et il a été obligé de se montrer sur son balcon, afin de remercier le public de l'intérêt qu’il a pris à lui. Les voisins vouloient illuminer; maïs la police l'a vraisemblablement empêché. Le comte de Cagliostro n'est rentré qu'entre onze heures du soir et minuit; il y avoit aussi une grande foule sur son passage, et sa reconnoissance envers le public l'a également forcé de paroître sur sa terrasse et de saluer tout le monde. » Mémoires secrets, t. XXXII, p. 91.

3. Dans une requête à ses juges, Cagliostro avait pré-