Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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quel on avait recours dans les cas embarrassants, lé bravo littéraire qui se prétait à toutes les besognes, pourvu qu'on ne lésinât pas sur le prix.

Morande ouvrele feu danslenumérodu Courrier de l'Europe, qui porte la date du 1° septembre 1786, très peu de jours après la publication de la lettre de Cagliostro contre le baron de Breteuil ‘. Sous la rubrique de Mélanges de littérature, politique, etc., il développe ce qu’il appelle un aperçu sur les voyages du

1. Les Mémoires secrets en donnent les paragraphes principaux, sous la date du 10 août 1786. L'auteur de cette lettre s'élève en termes indignés contre l'abus des lettres de cachet et contre les horreurs de la Bastille : « Toutes les prisons d'État ressemblent-elles à la Bastille? Vous n’avez pas d’idée des horreurs de celle-ci. J'étois depuis six mois à quinze pieds de ma femme, et je l’ignorois. D’autres y sont ensevelis depuis trente ans, réputés morts, malheureux de ne pas lPêtre! n'ayant, comme les damnés de Milton, de jour dans leur abîme que ce qu’il en faut pour apercevoir l’impénétrable épaisseur des ténèbres qui les enveloppent: ils seroient seuls dans l'univers, si l'Éternel n’existoit pas. Oui, mon ami, je l'ai dit captif, et, libre, je le répète : il n’est pas de crime qui ne soit expié par un mois de Bastille. » On avait d’abord pensé que Cagliostro n’était pas le véritable auteur de ces imprécations, mais le rédacteur des Mémoiressecrets revient, à la date indiquée, sur sa première opinion et écrit : « On assure aujourd’hui que le comte de Cagliostro avoue la lettre. »