Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET CAGLIOSTRO. 107

M. de Launay lui rendit une partie de ses bijoux. Elle put donc accompagner à Londres son mari, qui conservait dans son exil tout le prestige qui s'attache aux victimes de la raison d'État. Mais Cagliostro, en sûreté sur la terre britannique, semblait plus redoutable que jamais. M° Thilorier, son avocat, qui l'avait rejoint à Londres, lui continuait la précieuse assistance de sa plume et de ses conseils. Le banni lançait contre M. de Launay et le commissaire Chenon ! une assignation au Châtelet, réclamait au premier 100,000 livres, comme équivalent des valeurs et objets que la police lui avait volés, et au second 50,000 livres de dommages-intérêts. Il publiait, en outre, une lettre des plus virulentes contre le baron de Breteuil, l'instigateur principal des persécutions qu'il avait subies et le confident de la reine. Enfin il réclamait, par l'intermédiaire de M. d'Éprémesnil, une expédition de l'arrêt qui l'avait acquitté. C'est dans ces circonstances que la cour lança contre la personnalité bruyante et habile de Cagliostro l’homme au-

1. Le commissaire Chenon apportait une certaine violence dans lP’accomplissement de ses missions policières. En mars 1786 il mit au pillage la maison du libraire Goujon à Saint-Germain en Laye, le tout pour enlever quelques livres prohibés. V. Mémoires secrets, 18 mars 1786.

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