Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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riez-vous un animal carnivore qui fût, parmi les animaux de son espèce, ce que vous êtes parmi les hommes? »

L'agent de la cour de France sentit que l'homme qu’on lui avait donné la mission de pourfendre de sa plume venimeuse mettait les rieurs de son côté. Le public ‘ trouvait la prose de Morande « imprégnée de maximes ministérielles, de principes despotiques qui annoncent et caractérisent un mercenaire, un esclave dans l'écrivain ». On disait : « Il est temps que la correspondance s’arrête, car le sieur Morarde, après avoir d’abord excité la curiosité, à cause de la singularité du personnage et de ses aventures, finirait par ennuyer et dégoûter ses lecteurs ?. » Les ennemis de la cour ajoutaient que Morande n'avait écrit ses articles contre Cagliostro que pour discréditer et faire avorter la demande en justice formée contre le gouverneur de la Bastille et le commissaire Chenon; ils disaient bien haut qu’à leur avis Cagliostro avait démontré, dans la Lettre au peuple anglais « que le sieur Morande n'est qu'un vil calomniateur, soudoyé par ses ennemis, toujours pour le diffamer et en le diffamant, en le

1. V. les Mémoires secrets, sous la date du 8 et du o octobre 1786. 2. Ibid.