Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET CAGLIOSTRO. 205

peignant comme un homme sans fortune et sans honneur, pour détruire dans l'esprit des magistrats et du public l'impression que ses réclamations y avaient produite t. »

Morande pouvait avoir beaucoup de défauts, mais il ne manquait pas d'esprit. Il vit que le moment était venu d'arrêter là sa campagne; et, après avoir engagé celui qu'il appelle son cher don Joseph à observer désormais plus de modestie et à profiter de la lecon qu’on venait de lui donner, il s’excusa auprès de ses lecteurs « de les avoir entretenus si longtemps d’un sujet si futile ?, »

1. Memoires secrets, 28 décembre 1786.

2. Courrier de l'Europe numéro du 31 octobre 1786. Il est bon d’ajouter, à titre d’épilogue de cette polémique, que la suite sembla donner raison aux violentes attaques de Morande contre Cagliostro : car, s’il faut en croire les Mémoires secrets (26 avril 1787), M. de la Borde et son beau-frère, M. de Vismes, revinrent d'Angleterre complètement désabusés sur le compte du charlatan, qui aurait quitté Londres avec les diamants de sa femme et la laissant dans la misère. Seraphina Feliciani aurait avoué que son mari n’était autre que le Balsamo dont le Courrier de l'Europe avait tracé un portrait si flatteur. Dans le numéro du Courrier de l'Europe du 24 août 1787, Morande, après avoir de nouveau soutenu qu'il n'avait jamais recu d’argent pour attaquer Cagliostro, nous apprend que le charlatan « qu’il a réussi, dit-il, à chasser d'Angleterre », s’est réfugié, vers juillet 1787, dans la petite île de Brienne où il vit d’une pension faite par M. Sarazin, de Bâle.

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