Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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de la Vénus impure » !. À en croire Morande, le duc nese plaisait que dans la société des plus viles courtisanes de la rue Maubuée ou de la rue du Pélican. Quand les reines de la galanterie, la Michelot, la du Thé, venaient lui faire visite, il bâillait.… et allait retrouver sa femme, Louise de Bourbon, la vertueuse fille du duc de Penthièvre.

L'apologistemetensuite en reliefla prétendue avariceet lecontinuel besoin d'argent du prince. Il le montre introduisant les joueurs et les histrions au Palais-Royal, ouvrant boutique dans les nouveaux bâtiments qu'il avait fait construire sur l'emplacement des anciens jardins du palais (ce qui fit dire que le Palais-Royal était plus ni palais ni royal, et inspira au comte d’Artois une saillie assez spirituelle) *. Morande peint la colère du public, chassé des

1. Conf, Mémoires secrets du 3 octobre 1783 et Police dévoilée, t. Il, p. 118.

>. La reine ayant témoigné sa surprise de ne point voir le duc à son bal des mercredis, le comte d’Artois répondit : « Madame, ne vous étonnez pas, vous ne l'aurez guère les jours ouvriers : notre cousin est aujourd’hui en boutique. » Un peu plus tard, en juin 1784, le duc de Chartres se remit à flot, au moyen d’un prêt de 4 millions que lui fit M. de Calonne, à imputer sur ce qui serait dû à la maison d'Orléans, lorsque, à défaut d’hoirs mâles, le Palais-Royal reviendrait à la couronne.