Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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« du petit jardin déjà formé » donneront à leur tour un peu d'ombre, dans une vingtaine d'années. La clameur publique monta jusqu'au roi, qui témoigna au duc son mécontentement. À propos du comble qu’on venait de poser sur la portion des bâtiments du côté de la rue des Bons-Enfants, on disait : « Le prince a mis le comble à ses sottises. » [1 y eut aussi des mauvais plaisants qui affichèrent en haut du grand escalier du Palais-Royal un placard « dans lequel on lui donnait l'idée d'ouvrir une souscription qui lui fournirait l'argent nécessaire pour bâtir les rues projetées ; et on lui assurait que, si chaque personne dont il était méprisé fournissait seulement un écu, il aurait de quoi bâtir même une ville considérable ».

On accumulait encore d’autres griefs contre le duc : sa passion pour les jeux et les paris, son engouement pour les courses de chevaux et de chiens, les jockeys et les grooms. Morande lui reproche de faire proposer sous main des paris inégaux, dans lesquels il s’intéressait d'un dixième, tandis qu'il était de moitié dans le parti contraire. Le biographe du prince le justifie en disant que les grands seigneurs « se trompent toujours et réciproquement dans le commerce qu’ils font actuellement de leurs