Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LE DUC DE CHARTRES. 219

chevaux et de leurs voitures ! ». Un tort plus grave, c'était l'introduction de joueurs de profession dans les appartements du Palais-Royal?. Le duc d'Orléans fut même, à ce que rapporte le pamphlétaire, si indigné des escroqueries qui se commettaient chez son fils, qu’il demandait « que les coquins qui toléraient les jeux fussent arrêtés, fouettés et conduits aux ga-. lères ».

Que ne dit pas Morande pour charger son héros ? Il lui reproche son affiliation à la francmaçonnerie et arrange à sa manière ce qui donna aux francs-maçons l’idée de le prendre pour chef. À la mort du comte de Clermont, les francs-maçons étaient désolés. « Il étoit effectivement très difficile de rencontrer autant d’ineptie, jointe à la débauche la plus effrénée. Ilest rare de trouver tant de prérogatives de cette espèce réunies, surtout dans des princes. Cependant on jeta les yeux sur le duc de Char-

1. Le public ne pardonnaït pas non plus au ducses liaisons avec les joueurs et les entrepreneurs decourses. On lit dans les Mémoires secrets, sous la date du 23 juin 1783: « Dans le Mariage de Figaro il y a une tirade contre les princes qui donnent à jouer, qui font des courses, et elle est si sensible que M. le duc de Chartres, qui étoit à la répétition, fut regardé par toute l'assemblée et en quelque sorte décontenancé de voir tous les yeux se fixer sur lui. »

2. V. plus haut, p. ro.