Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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séduit M° Kornmann et l’aurait rendue grosse, Plainte du mari contre l'épouse, qui, en vertu d'une lettre de cachet, est enfermée chez les dames Douzi, maison de correction destinéeaux femmes coupables. Alors intervient Beaumarchais qui, à la sollicitation de son ami le prince de Nassau-Siegen, prend la belle sous sa protection et, en décembre 1781, obtient de M. Le Noir l'ordre de la faire mettre en liberté. Fureur de l'époux et déluge de mémoires, rédigés sous son inspiration par le jeune avocat Bergasse, qui voit dans ce scandale une occasion d'asseoir sa réputation. Sans parler de Daudet, qui avait bien réellement débauché M"° Kornmann, on accusait Beaumarchais d’avoir lui-même goûté à ce fruit défendu et d’en avoir laissé une part à Le Noir, pour obtenir son concours bienveillant. On a cherché à justifier Beaumarchais d’une intervention au moins inutile; on a prétendu qu'il n'avait agi dans cette affaire qu'avec les intentions les plus pures !. Tel n'était pas l’avis des contemporains, et les continuateurs de Bachaumont * n'hésitent pas à penser que Daudet et Beaumarchais sont.« fort capables

1. V. notamment Beaumarchais et son temps de M. de Loménie, t. IL, p. 381.

>. Mémoires secrets, 20 mai 1787 et passim jusqu’au 26 octobre.