Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET BEAUMARCHAIS, 235

plein *, ferme », la réponse de son adversaire est qualifiée de « gâchis. Des injures grossières, de mauvaises plaisanteries, voilà ce qui le caractérise : ce sont les grimaces d’un singe méchant qui, fouaillé rigoureusement, affecte encore de rire pour déguiser son châtiment et sa rage. » L'intervention de Morande fit aussi le plus déplorable effet. On savait si bien de quelle manière il fallait s’y prendre pour obtenir le concours de cette plume vénale! Un mauvais plaisant mit en circulation une prétendue lettre de « M. de Morande, auteur et rédacteur du Courrier de l'Europe », à M. de Beaumarchais. Dans cette lettre, apocryphe comme on pense, Morande est censé s'adresser à Beaumarchais, « pour étre garanti de tout évènement », M. Kornmann ayant porté plainte contre lui, à cause de quelques articles insérés dans le Courrier de l'Europe. Il est bien juste que Beaumarchais prenne la responsabilité des articles dont il s'agit, puisque c’est lui qui les a rédigés. « Vous savez, monsieur, écrit le pseudo-Morande, que par vos lettres des 4, 13, 19, 27 mai

1. Mémoires secrets, 20 mai 1787 2 juin. Il est curieux d’entendreM. de Loménie qualifier de galimatias le mémoire de Bergasse. Après tout, les deux mémoires peuvent sans doute être renvoyés dos à dos.