Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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et 6 juin derniers, vous m'avez prié d'insérer dans le Courier de l'Europe plusieurs articles que vous avez composés vous-même, auxquels articles vous m'avez défendu de rien changer; que vous avez cependant exigé que le tout fût imprimé sans guillemets, afin que l'on ne soupconnât pas qu'autre que moi en fût l'auteur. Quatre de ces articles étaient contre M. Guillaume Kornmann; vous me les avez payés à raison d’une guinée par chaque ligne. Je ne me plains pas du prix : il était raisonnable. » Mais quoi! Le Courrier de l’Europe a 4,000 souscripteurs en France; s'il allait être interdit à la frontière française, le rédacteur n'aurait plus qu'à se jeter dans la Tamise, car il n’a pas d’autre corde à son arc. « Si je savais faire autre chose, s’écrie-t-il, à la bonne heure, je me consolerais; mais je ne sais que libeller, c'est mon unique métier. » Ah! continue le faux Morande, on a bien rarement l’occasion de traiter une bonne affaire. On n’a pas tous les jours sous la main des personnages comme Cagliostro. Kornmann ne le vaut pas, à beaucoup près. C’est un domicilié. « S'il n’était que passager, voyageur, comme l'était Cagliostro.. Ah! comme j'aurais gagné de l'argent! Entre nous, ce Cagliostro est le roi des hommes, mais il était étranger et on lui a jeté la pierre : au fond,