Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET BEAUMARCHAIS. 237

c’est juste, les domiciliés méritent quelques préférences. Les domiciliés paient la capitation, la taille, le brevet, les corvées, les ustensiles; que sais-je, moi? Ce sont des hommes précieux au trésor royal que des domiciliés : au lieu qu'un étranger est... un étranger et ne paie rien. A propos de ce Cagliostro, tenez, monsieur de Beaumarchais, vous me croirez si vous voulez: il m’a valu bien gros. J'ai eu, depuis quelques années, de bonnes aubaines, et, si j'avais su un peu me conduire, je serais riche maintenant, et très riche; mais il y a un chien de proverbe qu'il m'a toujours été impossible de faire mentir, et une sorte de fatalité a toujours voulu que ce qui venoit de la flûte retournat au tambour ». Et puis le métier d’entrepreneur de chantage comporte bien des désagréments. Par exemple, le Sosie de Morande a offert ses services au marquis de Saint-Hurugue, et ce gentilhomme a répondu d’un ton superbe, en montrant sa bourse, qui contenait 300 guinées : « Monsieur, cet or est pour les misérables et non pour les méchants. » Hélas! pourquoi Beaumarchais n’a-t-il pas stylé ce farouche marquis? Il n’est personne qui sache mieux que Beaumarchais faire gagner de l'argent aux hommes de lettres. Il devrait laisser un enseignement à la postérité et écrire lui-méme sa vie :