Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

238 THEVENEAU DE MORANDE.

« Pourdirecequ'ilest, il fautêtre lui-même. »

En terminant , le Morande imaginaire souhaite à son protecteur de découvrir « quelque Figaro qui puisse faire la barbe à ce M. Bergasse qui le combat à toute outrance ». Linguet aurait bien convenu pour remplir cette mission, mais Beaumarchais a commis l'imprudence de se brouiller avec lui ‘.

Ainsi s’égayaient les frondeurs aux dépens des deux amis.

L'ex-Gazetier cuirassé prit fort mal la plaisanterie. L'accusation de vénalité l'exaspérait, et pour cause. Il nie avec assurance avoir reçu de l'argent pour attaquer Cagliostro et se trouve assez payé, puisqu'il « a réussi à chasser cet empirique d'Angleterre » ?. Quant aux paroles

1. La Correspondance de Grimm (édit. Taschereau, t. XIII, p. 372), après avoir parlé de l'affaire Kornmann, donne des couplets satiriques, composés à ce propos, sur le malheureux Beaumarchais. Nous n'en citerons qu'un, à titre d'exemple :

Kornmann contre toi publie

Un factum rempli d'infamie ;

Il est l'écho de Mirabeau.

Ah! Beaumarchais povero!

A ce mémoire véridique

Réponds en style marotique,

En calembours de Figaro.

Ah! Beaumarchais, bravo, bravo! (bis).

2. Courrier de l'Europe, n° du 24 août 1787.