Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle
18 THEVENEAU DE MORANDE.
cierge au Fort-l’Évêque, soumit à M. de Sartine, dans une lettre plus naïve qu'élégante, le compte-rendu des rébellions du prisonnier.
Duvergé, concierge au For-L'Evéque à M. de Sartine.
J'ai l'honneur de vous confirmer que M. de Morande, prisonnier du For-l'Évèque, de l’ordre du Roi amené par M. Marais, le 25 juin, a été mis au cachot, il s’est comporté fort mal, il crie à tout moment, que le monde qui passe dans la rue l’entend. Aujourd’hui, jai monté avec un des guichetiers pour lui parler et en mème temps faire la visite du secret où il était; j'ai remarqué une grosseur dans sa culotte, qui m’a donné à soupconner. J'ai exigé de lui de mettre en évidence ce qu’il pouvait y avoir; il n’a pas voulu. Après plusieurs résistances à la force, il nous a tiré plusieurs lettres par morceaux et déchirées. Après, nous avons fait une recherche dans la paillasse de son lit, et trouvé sa couverture déchirée par bandes de deux doigts de large et rajouté tous les morceaux l’un au bout de l’autre, qui lui servirait à tirer quelque chose du dehors, d’un quatrième étage comme est son secret et qui n’a pour voir le jour qu’un trou à ne pas pouvoir y passer le poing; et cela n’a pas empêché qu’il ne s’est fait entendre plusieurs fois dans la rue, qui a amassé du monde au bruit et tapage qu’il fait jour et nuit. J’ai cru