Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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numéro de sa nouvelle feuille. Il était précédé d'un prospectus, dans lequel le publiciste explique le titre du journal : « En prenant celui de l'Argus patrivte, je m'impose le devoir de veiller aux intérêts du patriotisme, en même temps que je me destine à en propager les principes. Je ne marcherai sur les traces d'aucun des journalistes qui se sont élevés depuis la Révolution. Je serai libre dans mes opinions et aucun parti ne me subjuguera. » Morande ne néglige pas de soumettre sa propre apologie à ses futurs lecteurs. Il se présente comme un précurseur de la Révolution, comme un ennemi résolu des abus de l’ancien régime. « Voué depuis longtemps à la cause de la liberté, j'ai anticipé sur les évènements dont la France a été témoin, pour manifester le désir de la voir libre et le despotisme ministériel abattu. » Il a même l'audace de rappeler comme un titre de gloire la honteuse tentative de chantage contre la Du Barry, tentative qui lui avait rapporté de si beaux bénéfices. « Jai été, dit-il, une des victimes de l’autorité arbitraire, mais je me suis vengé en mettant en question la toutepuissance des ministres de Louis XV, à une époque où rien ne pouvait leur résister. » Maintenant, la France a brisé ses chaînes: les écrivains peuvent exprimer leurs opinions avec