Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 245

plus de sûreté qu'en Angleterre, « Après avoir vu expirer la liberté de la presse en Angleterre, je l'ai vue renaître en France, et j’ai abandonné le cadavre aux vers qui le rongent pour me rapprocher d’un nourrisson sain et vigoureux qui jouit de la santé la plus robuste, » Ces phrases et ces métaphores ne constituaient pas un programme. Cependant, il y avait un programme dans cette préface de l’Argus; car Morande, en finissant, promet d'attaquer les intrigues et de signaler ceux qu’il importerait d’exclure de la nouvelle législature. Il devait effectivement réaliser ces promesses, en dirigeant contre Brissot les plus furieuses attaques.

L’Argus a paru tous les quatre jours, à peu près régulièrement, depuis le 8 juin 1701 jusqu'au 26 mai 1792, c'est-à-dire presque jusqu’à la veille de la dissolution de la garde du roi. On peut étudier, en feuilletant le journal de Morande, toute une année de l’histoire de la Révolution; maïs, en évitant de nous perdre dans le détail de faits historiques qui sont dans toutes les mémoires, nous nous attacherons seulement aux polémiques qui peuvent donner une idée exacte de la nouvelle attitude de Morande, et du caractère d’un journal qui, à notre connaissance du moins, n’a pas encore été l’objet d'une analyse approfondie.