Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE LIBELLISTE. 27

zetier cuirassé, dit la secondelettre de Londres, n’est certainement pas de M. le comte de Lauraguais, et ceux qui auront lu ce livre ne lui feront pas l'injure de le lui attribuer. Ce seigneur sait jusqu'où il peut pousser la plaisanterie et se l’interdiroit sur ce qu'il y a de plus sacré. D'ailleurs il a plus de noblesse dans le style et ne dégraderoit pas au point de s'arrêter sur la lie des filles de Paris. En un mot, il est assez généralement recu ici que cette brochure est du sieur Morande, ci-devant escroc à Parisetqui ne l’est pas moins à Londres, puisqu'il passe pour constant qu’il a eu mille guinées pour la vente de cette rapsodie : les libraires de votre capitale n’eussent pas fait un pareil marché de dupes. »

Malgré l'importance de la somme versée entre les mains de Morande, les libraires de Londres qui se portèrent acquéreurs du Gazetier cuirassé ne firent pas sans doute une spéculation malheureuse : car le libelle se vendait une guinée et il était assez scandaleux pour réussir. Voltaire, qui n’aimait pas Morande, ne pouvait cependant lui adresser le reproche de cultiver le genre ennuyeux. IL y a dans son premier ouvrage, à travers un certain nombre de grossièretés et de cyniques calomnies, bien destraits mordants et spirituels, bien des vérités adressées