Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle
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aux principaux personnages du temps, sous la forme la plus originale et la plus comique. On retrouve comme un écho des impressions de la société frivole et légère du xvm° siècle dans les mille quolibets décochés par le Gazetier cuirassé à tous les puissants du jour. Le chancelier Maupeou n'est pas épargné comme on peut le croire. « En installant le nouveau Parlement à la place de l’ancien, le chancelier a fait un discours qui prouve que tous les Français sont des sots, qu'il le sait et qu’il en profite. On à offert au premier huissier de l’ancien Parlement la place de premier président du nouveau : il l’a refusée. Il y a plus. Le bourreau de Paris a été renfermé à Bicêtre pour avoir refusé ses services à un pendu de la création du nouveau Parlement, sous prétexte qu'il ne pouvait manquer à son ancienne compagnie, sans blesser son honneur : sa délicatesse (à ce que l’on dit) a fait rire les juges, au lieu de les faire rougir. » Est-il une plus sanglante satire de l'œuvre du fameux chancelier que cette boutade du maréchal de Biron, conservée par Morande? Le roi consultait le maréchal sur les moyens de remplir le trésor, sans trop faire crier les contribuables. « Il y a un moyen, dit le maréchal, d’encaisser trois millions sans frais : c'est de dresser une potence sur la place