Trois amies de Chateaubriand

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Aussi ai-je souhaité d'appeler en témoignage ces trois dames, qui ont été de bien charmantes femmes, en un temps éloigné déjà.

Quand on rêve à ces héroïnes d'amour qui ont flori autrefois et dont la grâce est morte, on n'évite pas de se rappeler cette ligne qu'a écrite Brantôme à propos de Diane de Poitiers : « C’est dommage, que la terre couvre un si beau corps! » Cendres de jadis, cendres qui furent chaudes de la récente vie et que le froid des âges a, peu à peu, glacées! Leur pensée est nostalgique. Elle nous donne le désir de retourner en arrière et d’être le contemporain de ces ferveurs aimables.

Ces trois dames-ci étaient bien différentes entre elles: l’une, la triste; la deuxième, l'intelligente séduction; et, la troisième, la fantaisie un peu débridée. Je les caractérise ainsi, avec ces mots provisaires ; mais le caractère que je leur attribue n'est pas exclusif. Elles ont été toutes les trois séduisantes, intelligentes toutes les trois, et romanesques à souhait, du reste jolies. Mais enfin, cette analogie, à la faveur de laquelle j'ai pu les grouper, leur vient d’avoir été aimées de Chateaubriand. Et leurs différences prouvent que Chateaubriand n’était pas attentif à une seule sorte de beauté.

Il aimait beaucoup les femmes. Elles ont, été le perpétuel amusement de son chimérique esprit, de sa vive imagination, le divertissement bienvenu