Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 23

journées d'automne courtes et sombres, mais dont les crépuscules, tôt venus, s’illuminent de clartés et de rayons, couronnes vives des collines?.…

De la petite enfance et de l'adolescence que mena Pauline de Montmorin, l’on ne sait pas grand’chose. On la mit, quand elle avait huit ans, au couvent de Fontevrault; puis, pour compléter son éducation fine, elle entra au couvent de Panthémont, maison d'élégance et de piété, sise rue de Grenelle : avec la religion et ce qu’il faut de lettres dans le monde, on lui enseigna le maintien, la musique, la danse et l'art de recevoir joliment des visitesi.

Quand la jeune fille eut dix-huit ans, on lui apprit qu’elle épouserait bientôt le jeune comte Christophe de Beaumont. Elle ne le connaissait pas. Et, la question de savoir si elle l'aimerait, cette question futile et comme un peu inconvenante, on ne la posait pas?. Qui sait si la jeune fille elle-même se l’est posée? On ne la consultait pas; et toute éducation qu’elle avait reçue la préparait à l’obéissance, non à des initiatives d'amour.

Voilà, si je ne me trompe, tout ce que l’on connaît des dix-huit premières années qu'accomplit, douce,

4. À, Barpoux, La comtesse Pauline de Beaumont (Paris, 1893).

2. Sur l’individualité du jeune comte de Beaumont, M. Bardoux et M. Edmond Biré ne sont pas d'accord. M. Bardoux (4. L., p. 27) tient pour Christophe-Armand-Paul-Alexandre de Beaumont, marquis d'Auty, fils du marquis Christophe de Beaumont et de Marie-Claude de Baynac; M. Biré (éd. des Mémoires d’outre-tombe, tome I, p. 297) pour Ghristophe-François de Beaumont, fils du marquis Jacques de Beaumont et de Claude-Marguerite Riché de Beaupré. N'importe, d’ailleurs.