Trois amies de Chateaubriand

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32 TROIS AMIES DE CHATEAUPBRIAND

comédies ; Rulhière qui, pour Pauline de Beaumont, fit graver un cachet où on lisait, auprès d’un chêne aux frissonnantes feuilles : « Un souffle m'agite et rien ne m’ébranle »; le petit Calixte de Montmorin, qui semblait un peu étourdi et qu’exaltait un admirable amour; bientôt, quand Necker devint au ministère le collègue de Montmorin, cet impérieux esprit, ce tourbillon d’idées et de mots, Mme de Staël; puis Mme de Sérilly, si belle et pour qui se consumait François de Pange; la baronne Hocquart, aimée jusqu’à l’échafaud; la baronne Le Couteulx, à qui un poète donna l’immortalité du nom de Fanny; la comtesse d’Albany, blanche veuve de Charles-Édouard et que l'amour d’Alferi consolait de ses longues tribulations; et cette petite Mme de Krüdner qui, dans les moments de son plaisir le plus naïf, criait : « Mon Dieu, que je suis heureuse! Pardonnez-moi, mon Dieu, l'excès de mon bonheurt! » L

Avec une imprudence hardie, on connut aussi Condorcet, l'annonciateur du progrès, le prophète de ceci qui va tuer cela. Et, un jour, chez la comtesse d’Albany, on entendit Beaumarchais, qui lisait La Mère coupable, — oui, le terrible Beaumarchais dont la raillerie avait des éclairs d’acier.

Et je n’ai pas encore nommé celui qui fut âme chaude, le rêve adorable de cette société, ce jeune

4. C’est Sainte-Beuve qui le raconte (Portraits littéraires, t. III, p- 298). Et il cite Chênedollé, lequel dit tenir l’anecdote d’Adrien de Lezay, ami de Mme de Krüdner,