Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 33

homme au teint basané, au col et à la poitrine d’athlète, aux yeux brüûlants et qui était marqué par le destin, marqué de génie et de mort, ce jeune homme intrépide et langoureux, qui à la Grèce antique emprunta la poésie et le courage, André Chénier. Il avait retrouvé, dans le désastre des âges, une mélancolie voluptueuse, un paganisme d'amour et de bonheur, une pensée ancienne et qu’il avait unie aux nouvelles pensées vers le temps même où le chevalier Glick ressuscitait la petite Iphigénie d’Euripide pour l’entourer du chœur des grâces récentes.

Auprès d'André Chénier, mêlées galamment à cette compagnie d’hellénistes savants et qui revivent le rêve séculaire, imaginons ces jeunes femmes qui ont des noms modernes ou des noms mytholoques, Fanny, ‘Camille, Chloé, Glycère, Euphrosyne et Lydé,Pannychis. Sous leurs noms d’emprunt,imaginons-les, sensibles à la vive poésie que Chénier leur amenait d'Athènes et des Cyclades, sensibles et alarmantes, aumantes et tant aimées que cette ardeur continua jusqu’à la guillotine.

Une mollesse voluptueuse, Part des plus heureux jours humains, oui, à la veille de la Révolution.

Si vous allez, un jour, au musée de Cluny, ne soyez pas rebutés par la troupe de badauds, de militaires et d’amoureux commençants qui est l’encombrement habituel d’un musée; et regardez une vitrine où il y a maints objets du xviri® siècle. Vous y verrez des éventails où sont peintes de gracieuses scènes, des dames qui achètent des paniers, des fal-