Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 51

toine, chez une blanchisseuse qui avait été à son service? Les femmes purent se sauver. Elles allèrent à Rouen.

De là, Pauline de Beaumont écrivait à son père. M. Bardoux a trouvé, aux Archives, des fragments de cette correspondance?. Il n’y a pas de noms cités et les phrases sont enveloppées d’un prudent mysière. Mme de Beaumont écrit : « Mille et milie remerciements du petit mot que vous m'’écrivez, Veuillez le renouveler tous les jours. Les nouvelles des gens qui me sont chers. » Ces gens, évidemment le seul Montmorin... « sont plus nécessaires à mon existence que l’air que je respire... Sans mes deux acolytes... » Probablement sa mère et sa sœur. « je serais auprès d'eux. Je les aime bien tendrement, Adieu, je ne puis vous en dire davantage. Je vous demande, à mains jointes, un mot tous les jours. »

Et Montmorin, toujours caché dans l’arrière-boutique de sa blanchisseuse, répondait : « O ma charmante souveraine, combien il me tardait de vous écrire! Votre joli billet m’a fait tant de plaisir! Ne nous laissons pas abattre, ne parlez pas de moi à létourdie*... » Plusieurs détails échappent à la curiosité du liseur, dans ces lettres qu'on a, exprès, faites obscures. Mais comme, en dépit de la hâte et des précautions, elles gardent aimablement la grâce

1. FnéDérie Masson, L. L., p. 220.

2. A. Barpoux, La comtesse Pauline de Beaumont, p. 190.

3. Il y a, dans le texte de M. Bardoux, « à l’étourdi »; et M. Bar-

doux se demande qui est cet étourdi. Je ne le sais pas; et, à toul hasard, je propose d'écrire « à l’étourdie ».