Trois amies de Chateaubriand

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et le parfum de l’ancien temps!... « O ma charmante souveraine. » et « votre joli billet », les gracieux mots de naguère ont survécu à la tourmente; il y a, dans ces lettres d’un père et de sa fille, un ton de galanterie cérémonieuse et attentive. Qu'ils étaient délicieux, les légers aristocrates qu'emporta louragan révolutionnaire!..

Mme de Montmorin, ses enfants ei ses petitsenfants étaient à Rouen lorsqu’arrivèrent les nouveiles que voici.

Peu de jours après le 10 août, on découvrit la cachette où Montmorin savait, d’ailleurs, qu'il n’attendrait pas longtemps son destin. On Parrêta; on le fourra dans les funestes cachots de Abbaye. Chateaubriand dit qu'il mourut sur l’échafaud?. Ce n’est pas exact : il a été l’une des victimes les plus sauvagement traitées par les, massacreurs de septembre. Il y avait à la prison de P'Abbaye,en même temps que lui, un affreux gaillard dont on a récemment publié les mémoires?. C'était Marc-Antoine-Nicolas comte de Lamotte, le mari de cette Jeanne de Valois qui manigança l'affaire du collier. À cause de cela, ce comte de Lamotte, on l’appelait Lamotte-Collier. Or, il a vu, à l'Abbaye, M. de Montmorin. En se hissant, il la vu par une fenêtre : on le traînait par les cheveux et par ses habits. Montmorin «se défendait le mieux qu’il pouvait; il s’accrochaït aux tables, don-

1. Mémoires d’outre-tombe, tome IV, p. 16. 2. Dans La Revue du 4er juillet 1908.