Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 53

nait des coups de pied et des coups de poing, criait au secours, à l’assassin; mais personne n’était disposé à prendre sa défense... Je le vis terrassé sur le pavé et traîné en cet état hors du guichet, où j’entendis distinctement les coups de massue et les coups de sabre dont ce malheureux fut assailli. Cela fut si prom; qu'à peine si je pus distinguer quelques cris de cette première victime ». Montmorin vivait encore. Les brutes lempalèrent et le portèrent ainsi jusqu'aux portes de l’Assemblée nationalel. Après l'assassinat de son mari, Mme de Montmorin et toute cette petite troupe de femmes éperdues quittèrent Rouen, où elles n’étaient plus en sûreté. Elles se réfugièrent dans leur propriété patrimoniale de Theil. Calixte de Montmorin, le frère de Mme de Beaumont, vint les rejoindre. Il était souslieutenant au 5€ régiment de chasseurs à cheval; mais, Son père as$assiné, il donna sa démission et il arriva pour être désormais le défenseur des siens. Puis, tout ce monde épouvanté s’en alla encore et, à peu de distance de là, trouva l'hospitalité la plus généreuse, la plus hardie et — on le vit ensuite — la moins prudente, au château de Passy, entre Sens et Villeneuve, chez le courageux et charmant Mégret de Sérilly. Celui-ci, ancien trésorier général de l'extraordinaire des guerres, avait à Paris, passé les Invalides, une agréable maison où il recevait fréquemment quelques amis de choix. Parmi eux, il y

1. BERTRAND DE MOLLEVILLE, Mémoires.