Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

92 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

quis, l'ayant reconnu, l’interpella assez vivement, lui reprochant de faire cause commune avec ses persécuteurs, disant que «Lalande avait outragé le cœur de son père; qu'il pouvait bien mettre ses menaces à exécution et faire au château la descente quand il voudrait! ».

Boyvent se retira fort peu rassuré : on a de lui une lettre à son beau-frère, où il ne cache rien de ses appréhensions : « M. de la Rouërie, lui dit-il, n'est pas et ne peut pas être content avec toi pour les urnes et le cœur de son père. S'il devenait triomphant, ce que je ne crois point, il pourrait n'être pas doux avec ceux dont il prétend avoir été chagriné?. »

Le maire de Saint-Ouen, terrorisé, prit le parti de se soumettre, et Boyvent fut encore chargé de la négociation. Il écrivit au marquis pour l’assurer du dévouement de Lalande ? : que, s’il avait projeté de faire une descente au château, c'était dans l’intention bien arrêtée de n’y rien trouver de suspeet et pour couper court aux bruits qui circulaient dans le pays. Il ajoutait : « Si vous croyez, Monsieur, qu'une descente en ce moment n’est pas

1. Interrogatoire de Boyvent, 4 juin 1792. — Archives nationales, W, 275.

2. Archives nationales, même dossier.

3. « Je suis persuadé que mon beau-frère est dans les meilleures intentions pour les honnêtes gens... ». — Archives nationales, W, 275.