Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

98 LE MAKQUIS DE LA ROUËRIE

dix mille hommes qui se grouperaient à son appel entraineraient indubitablement les provinces voisines : il s’avancerait vers Paris à la tète de ces volontaires, que suivrait une formidable levée de paysans, de gentilshommes, de gardes nationaux, de troupes de ligne, dans un irrésistible mouvement de contagieux enthousiasme. Les deux armées devaient se rencontrer sous les murs de Paris, — les Princes d’un côté, la Rouërie de l'autre, — délivrer le Roi, disperser l’Assemblée et mettre les Jacobins à la raison.

Telle était la confiance qui régnait à Coblentz et aussi en Bretagne que le succès ne faisait question pour personne. Ce n'était pas une guerre qu'on entreprenait, mais bien une simple démonstration ! ; pourtant, il faut dire que, tout en étant,

4. Le 13 mai 1792, Calonne écrivait de Coblentz au marquis de la Rouërie :

« Les derniers événements, Monsieur, ne peuvent qu'être infiniment favorables à notre cause. Ne précipitons rien en attendant, et croyez que vous serez averti du moment où il conviendra de participer au mouvement général. Un mois ne se passera pas sans que vous aïez de mes nouvelles. Continuez jusque-là votre opération. je ferai partir le plutôt que je pourrai la personne qui est ici pour déterminer votre marche. « D. G. »

Au verso, de l'écriture de Fontevieux se trouve ce billet :

« Cette lettre doit convaincre que je suis à mon devoir et que je ne néglige aucune occasion de remplir scrupuleusement l’objet qui me retient ici, je prendrai mon essor quand il sera temps, mais surtout point de bruit si ce n'est moi qui le fais. J'embrasse tendrement tous les amis. bee

« C..., le 13 mai 1792.

Pièce saisie à la Fosse-Hingant, n° XVI. — Archives nalionales,

W,214.