Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

104 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

« Pour moi, mes braves amis, se trouve un moment de gloire dans ma vie: c’est celui où, confondant mes principes, mon honneur, mes espérances et mes dangers avec les vôtres, je promets, en votre nom et au mien, à mon Dieu, à ma patrie et à mon roi de le servir aux dépens de ma fortune et de ma vie.

« Jurons tous de nous dévouer, sans réserve, à une si noble cause et que nos amis et nos ennemis sachent enfin que, dans la faible partie de la France que nous habitons, il y a une force irrésistible, composée d'hommes dignes de l'honneur du monde entier! »

Nous ignorons quelle impression produisit cette barangue sur les conjurés réunis autour de l’ardent orateur, mais il paraît bien certain qu’à ce moment tous les assistants se levèrent, toutes les mains se tendirent et que les cris : Nous le jurons, accueillirent ces entrainantes paroles.

La Rouërie reprit alors d’un ton plus calme :

— « Je vous rappelle, mes chers concitoyens, que, s’il se présente des occasions où votre courage sera la base de nos succès, votre humanité, votre sagesse et votre subordination le remplaceront souvent avec fruit, accéléreront, autant et souvent plus que lui, la fin glorieuse de nos travaux.

«.… Ceux de vous qui êtes fortunés avez fait des

avances, même des sacrifices pécuniaires ; les