Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

108 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

qu'il n'irait pas; sur ces mots il se leva et sortit.

Orain suivit Gilbert jusqu'au cabaret, où il entra, cherchant en vain à le faire changer d’avis ; au bout d’une heure, il revint à la charge, très animé, criant que Gilbert s'en repentirait, « lorsque les choses seraient retournées », et qu'à présent qu'il savait le secret, s’il ne suivait pas ses camarades à la Rouërie, c'était, sans doute, pour les vendre. Gilbert eut ensuite à subir l’assaut de Monique Gaillard, qui vint le trouver à son tour :

__ Voilà donc, ricanait-elle, les lâches qui s'amusent à boire plutôt que de se joindre aux autres pour aller à la Rouërie, tandis que le retour des anciennes choses est assuré. Elle affirma que, « si elle était garçon, elle serait partie tout de suite, et qu'il n'y avait aucun risque ».

Gilbert, ébranlé par cet argument, passa chez l'ancien maire de Sougeal, Louis Lambert, et lui demanda « si cette démarche était à propos ». Celui-ci fit « tirer un pot de cidre, qu'ils burent ensemble et l’engagea à y aller ».

Gilbert retourna done chez Orain et prit sa part du fricot. Orain roulait des yeux furieux et grommelait « qu’il y en a qui font les clins et les lâches, mais que, pour ne pas leur permettre de s'enfuir, on les mettra quatre par quatre avec un bon par peloton et que le premier qui voudrait s'échapper, il fallait lui tirer un coup de fusil dans Le corps ».