Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE CHATEAU DE LA ROUËRIE 109

Ces allusions dés obligeantes et d’autres réflexions du même genre rendirent assez morne le repas qui se termina vers neuf heures du soir. Au moment du départ, Gilbert insista de nouveau, s’informant « si ce n'était pas une f.... mauvaise affaire ».

— C'est une bonne affaire pour tous, répondit Orain. |

On se mit en route, quatre par quatre. Plusieurs avaient des fusils, quelques-uns des épées, d’autres ne portaient que des bâtons. Ils prirent le chemin de la Celle, passèrent le Couësnon au Gué-Perier, à l’aide du bateau de la veuve Jacqueline Guichard, etsuivirent quelque temps la rivière. Tandis qu'ils remontaient la rive droite, Gilbert crut apercevoir, dans la nuit, la silhouette d'un homme qui marchait sur l’autre bord, se dissimulant derrière les arbres. Il cria : — Qui va là ?

— Je n'ai pas besoin de me nommer, répartit l'autre; Jamet et Berthelot sont-ils avec vous?

On lui répondit que non, et c'était vrai, du moins pour Jamet, qui, après le repas; s'était éclipsé sous un prétexte futile. Gilbert insista :

— Si tu ne dis pas ton nom, je te tire un coup de fusil.

— Je ne peux pas vous apprendre mon nom, répliqua l’homme.

Mais, à l’intonation de ces mots, Gilbert recon-