Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE CHATEAU DE LA ROUËRIE 121

semblements dont il avait été témoin, assurant que le marquis, outre les vingt sous par jour qu'il donnait à ses hommes, « promettait six cents livres de récompense à ceux qui passeraient tout au fil de l'épée, sans compter les femmes et les enfants ; il a entendu dire encore qu'il y aurait des villes où on mettrait la charrue dedans ».

Le commissaire Hévin, guidé par Boujard, commença une perquisition complète du château et du parc, tandis qu’il expédiait à Antrain une escouade chargée d’en rapporter des rafraichissements pour sa troupe et de ramener un maçon pour piquer les armoiries sculptées sur la façade du château !. Entre-temps il fouillait les carrés du parterre où devaient se trouver enfouies, d'après Boujard, des caisses pleines de fusils?. On ne trouva dans la terre que diverses pièces d’argenterie, du beurre en baril et des bouteilles de vin.

La visite des appartements ne donna pas meilleurs résultats : beaucoup depapiers, contrats, actes de toute sorte, correspondance particulière, aucune pièce ayant trait à la conjuration#. Hévin mit de côté deux lettres qui lui parurent cependant intéressantes, fit jeter tout le reste dans trois sacs de

1. L'écusson de pierre du fronton porte encore les traces de cette mutilation.

2. Interrogatoire de Boujard. — Archives nationales, W, 275.

3. Rapport de Jean Merdrignac, administrateur du district de Dol. — Archives nalionales, W, 274.