Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

128 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

tait aux conjurés bretons ces maladroiïts encouragements :

Les Princes frères du roi, informés de la position où se trouvent en Bretagne les citoyens demeurés fidèles à la religion et au roi, exhortent le marquis de la Rouërie à continuer d'entretenir ces bons sentiments, à les confirmer de plus en plus et attendre avec confiance le moment où l'action prochaine des forces extérieures offrira aux bons Français la possibilité de manifester ouvertement leur loyauté et leur courage. Les Princes feront paraître incessamment un manifeste, qui fera connaître que leurs vœux ne tendent qu'au rétablissement de l’ordre et annoncera l'esprit d'équité et de modération qui dirige toutes leurs démarches. Ce manifeste, soutenu par les armées des puissances confédérées, sera tel qu’il puisse éclairer la nation sur ses véritables intérêts, dissiper les fausses inquiétudes qu'on lui a imprimées, la rassurer contre la crainte d'être surchargée d'impôts ou privée d’une liberté légitime ; mais en même temps il présentera tout ce qu'ont

pouvez compter que le jardin que vous cultivez avec tant de soins vous donnera des fruits avant l’automne. » « Ce 28 mai. »

Sur la même feuille et d'une autre main :

« J'ajoute un mot à ce que vous écrit la belle personne pour vous instruire que le Pelit se propose de quilter ces lieux dans deux ou trois semaines. Il ne passera pas par les routes ordinaires, on prétend que les chemins sont remplis de montagnes et de fossés ; il veut conserver ses membres pour vous faire la révérence, mais si, malgré les précautions, il venait à se rompre le cou, ce que les gazetiers ébruiteraient bientôt, il faudrait prendre cet événement comme un signal qui doit déterminer notre activité. J'embrasse de toute mon âme le maître jardinier et son compagnon. » — Pièce saisie à la Fosse-Hingant, n° V.— Archives nationales, W, 274.