Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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Celui-ci, dans la solitude de Launay-Villiers, s’exallait à la pensée de ses futurs exploits : Ja résistance à ses ordres qu’avaient montrée certains de ses comités lui apportait bien quelques désillusions ; mais il avait trouvé dans Sa retraite un disciple ardent et docile, le seul de tous, peut-être, qui comprit pleinement la pensée du maître et parlageät son enthousiasme.

Gavard, dont nous avons déjà cité le nom, en venant un jour conférer à Launay avec le mar quis, avait pris pour guide, à travers la forêt de Misedon, un faux-saulnier du Bas-Maine, qui, en celte qualité, connaissait tous les sentiers perdus de la contrée!. Gavard présenta à la Rouéërie l'homme qui s'appelait Jean Cottereau.

Comment ce Paysan se lia-til avec le gentilhomme fugitif? 11 n'y a, de cette rencontre étrange, qu’une explication plausible : tous deux se Comprirent au premier abord : tous deux était possédés de la même passion d'aventures, de la même fièvre d'indépendance. Cottereau sentit en la Rouërie un maître digne de lui; le marquis, de

1. « La Bretagne, pays de franchise, n'était point assujettie à l'impôt du sel; il s'y vendait au plus L sou la livre, tandis que tout à côté le paysan du Bas-Maine le payait 13 sous. On appe lait dans le Maine faux-saulniers Ceux qui faisaient la contrebande du faux sel, c'est-à-dire du sel pour lequel on n'avait Pas acquitté l'impôt de la gabelle. » Souvenirs de la Chouannerie, par J. Duchemin des Cépeaux.