Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

150 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

réservait dans son futur cabinet le portefeuiile de la Marine, avait achevé, dans l'état de fermentation où se trouvait la France, d’enflammer les esprits.

Le 11 août, l'avant-garde de Hohenlohe campait à Rodemach et à Sierk, en Lorraine ; Le 19, par un temps pluvieux et froid comme en novembre, le gros de l’armée prussienne passait la frontière à Rédange. Ce mème jour, avait lieu, à Fontoy, le premier engagement où la cavalerie française fut mise en déroute : elle s'était défendue pourtant, ce dont Brunswick « ne revenait pas! »; il croyait ne recevoir que des fleurs et des bravos, mais pas un seul coup de fusil. Le 20, Longwy était investi et capitulait après trois jours de pourparlers. Ces débuts étaient d’un heureux augure pour les émigrés qui avaient mis le siège devant Thionville. Au camp du comte d'Artois, dont le quarlier général était à Hettange, les visages ne respiraient que la joie et l'espérance ; on se disait que la campagne serait de courte durée; on savait que la Bretagne était prête à se soulever ; « il n’était pas un de nous, raconte Las Cases, qui ne se vit, à quinze jours de là, chez lui, triomphant, au milieu de ses vassaux humiliés et soumis ? ».

1. Mémoires de Mallet du Pan. 2. Chuquet, la Première Invasion prussienne